Quels effets psychologiques le confinement a-t-il eu sur nous ?
Les apports de la posture gestaltiste sur cette thématique
Il n’y a pas de réponse universelle à cette question, il n’y a que des réponses singulières, résultant des parcours de vie et des environnements de chacun.
Pour certains, le confinement a été temps bénéfique, de retrait, de méditation, de repos aussi, un temps pour penser à sa vie, à ses orientations, un temps pour redécouvrir des plaisirs oubliés, le jardinage, la cuisine, la lecture. Une période de ressourcement.
Pour d’autres, le confinement a été synonyme de survie et tensions, sans temps pour soi : travailler ou télétravailler, s’occuper de l’intendance, assurer l’éducation des enfants, soutenir ses proches. Une période d’éparpillement.
Et pour d’autres le confinement a été un mélange de tout cela.
Il a parfois pu réactiver des souvenirs enfouis, de périodes d’enfermement par exemple. J.M.G. Le Clézio dans son dernier livre* écrit « On ne pouvait pas sortir. On ne pouvait pas regarder par la fenêtre. Il y avait une menace, une interdiction invisible et présente, il fallait rester derrière les murs, à l’abri. » Il parlait là de ses ressentis d’enfant de trois ans pendant la seconde guerre mondiale, en France. Les enfants aussi ont été enfermés pendant le confinement.
Je crois que nous n’avons pas fini, aujourd’hui, de prendre la mesure des effets du confinement sur nous et sur nos vies en général. Parce que nous avons d’abord eu à vivre cette période et que celle qui suit, le dé-confinement a aussi des conséquences en ce moment.
Que peut apporter la posture de la Gestalt-Thérapie sur cette thématique ?
En Gestalt-Thérapie, nous considérons non pas la personne toute seule mais la personne en interaction avec son environnement, comme un tout. Ce qu’est une personne résulte de son histoire, de toutes les expériences vécues depuis sa naissance, de comment elle s’est construite. Et ce qu’est une personne résulte aussi de son environnement, des situations où elle s’est trouvée.
Reconnaître dans nos vies ce qui appartient à l’environnement et à la situation nous permet de mieux traverser les périodes de vie difficiles. Comme comprendre comment la grande histoire (une guerre, une pandémie, une situation géopolitique) rencontre notre histoire, la chamboule, l’impacte.
Ainsi, sur la thématique du confinement, en Gestalt-Thérapie, nous pourrons nous attacher à distinguer dans ce que vous avez vécu, ce qui relève de la situation mondiale de pandémie – situation que vous ne pouvez que subir – et ce qui relève de vos problématiques personnelles, sur lesquelles vous disposez de davantage de pouvoir d’action.
Faire ce travail permet par exemple d’alléger la culpabilité éprouvée face à certaines réactions qui ne nous ressemblent pas ou dont l’intensité nous questionne. Nous pouvons ainsi récupérer à certains endroits de notre vie, des possibilités d’action, des espaces de liberté.
Enfin, si dans ce qui nous arrive, nous portons une responsabilité, nous ne portons pas toute la responsabilité. Faire le tri nous permet de « reprendre la main » sur notre vie.
* « Chanson Bretonne suivi de L’enfant et la Guerre – Deux contes » paru aux éditions Gallimard, février 2020